Etes-vous prêt à attaquer les OPEN avec un mental d’acier? Comment rester performant mentalement pendant les 5 semaines des OPEN ?! Notre psychologue Valentin nous répond pour devenir un vrai guerrier et guerrière. 

 

Les OPEN sont un vrai marathon où le physique donne tout son possible, cela se prépare pendant des semaines et des mois auparavant (sur le moment même, ne cherchez pas… c’est trop tard !), mais aussi par une détermination, une volonté à préserver pendant les 5 semaines.
Valentin notre psychologue va nous aider à nous préparer pour un mental d’acier !
Valentin, devons-nous nous préparer mentalement en avance pour ce type d’évènement ?

Que l’on pratique depuis plusieurs années ou que l’on débute, on ne peut pas passer à côté de l’émulation des OPEN. La préparation mentale débute donc même malgré nous dès qu’on prend conscience de l’événement et de ce qu’il représente pour ce sport. Il y a deux fondamentaux à la préparation psychologique : La prise de repères et la détermination d’un objectif.
Dans toute situation qui génère du stress, nous cherchons naturellement à utiliser les moyens à notre disposition pour « maitriser » notre environnement et mieux atteindre notre objectif. Chacun doit donc faire une sorte d’inventaire des outils qu’il pourra utiliser pour « se sécuriser », « s’orienter » avant, pendant et après son OPEN : Souvenirs positifs, prise d’informations « techniques », renforcement d’un lien social, bilan précis de la forme physique, routine personnelle… Même un porte-bonheur ! C’est ce que j’appelle le background.

Ensuite il faut déterminer un objectif, une raison de participer. Il y a autant d’objectifs que de participants aux OPEN. Attention ! Cet objectif doit répondre de certains critères : 1) Il doit être spécifique (Est-il personnalisé ?). 2) Il doit être mesurable (Comment vais-je évaluer ma réussite ?). 3) Il doit être acceptable (Suis-je suffisamment ambitieux ?) 4) Il doit être réaliste (Ai-je les moyens de l’atteindre ?) 5) Il doit enfin être cadré dans le temps (Quand cela va-t- il se dérouler ?).

Si votre objectif répond positivement à toutes ces questions, alors vous pouvez sereinement vous lancer. À l’inverse, un objectif mal défini ne permet pas de mobiliser à priori les bonnes ressources nécessaires, expose à épuiser trop vite son background, et augmente non seulement le risque d’échec, mais aussi d’expériences morales désagréables et de blessure physique. Une fois que vous avez vérifié votre background psychologique et que vous avez fixé votre objectif, vous pouvez considérer que vous êtes déjà bien préparé pour vous engager dans cet OPEN.

Pendant l’évènement, comment garder la motivation et l’envie quand on recommence encore et encore le même WOD dont on connait la difficulté et qu’il y a une seule chose dont on a envie… NE SURTOUT PAS LE REFAIRE !?

Il faut tout d’abord rester fixé sur son objectif de départ, ne jamais perdre conscience de la raison qui nous pousse à faire cet OPEN. Surtout il ne faut pas « négocier » cet objectif : le revoir à la baisse… Ou à la hausse ! Il doit toujours rester le même ! Un débriefing est toujours important à l’issue.

Si une performance n’est pas atteinte immédiatement, il ne faut absolument pas considérer cette expérience comme un échec, mais comme une première tentative. Du point de vue cognitif, reproduire un exercice le rend plus facile à chaque fois. Un petit travail de débriefing après un WOD permet de valider des repères précis le concernant, renforcer une impression positive de soi et identifier les points à améliorer lorsqu’on va le refaire.

Dans le cas où l’objectif est atteint, il faut savoir s’exalter, profiter de sa réussite et renforcer le caractère positif de l’expérience. Refaire le WOD permet alors soit d’améliorer encore la performance et de poursuivre l’exaltation, soit de ne pas améliorer la performance et donc de valider que nous avons produit un effort particulièrement valorisant et difficile à produire.

On sait que physiquement nous avons besoin de repos entre nos séances. Est-ce identique mentalement ? Y a-t- il une sorte de batterie de mental qui se décharge et qui demande du temps pour se recharger avant de recommencer un WOD ?

Absolument ! Pour bien aborder son OPEN sur la durée il est important de « cadrer » son déroulement et notamment d’apprendre à gérer son stress durant 5 semaines. Le stress est un ensemble de réactions physiologiques et psychologiques qui nous prépare à gérer une situation nouvelle et dangereuse. Éprouver du stress est donc non seulement naturel mais aussi INDISPENSABLE ! Seulement le stress oxyde le corps et épuise vite la « batterie mentale » qu’il est nécessaire de recharger.

Pour cela il ne faut pas seulement du repos… Il faut du répit ! Le repos permet un relâchement physiologique, mais c’est le répit qui permet un relâchement psychologique en diminuant les effets résiduels du stress après l’exercice. Chacun peut éprouver du répit à sa manière, puisque cette sensation est liée à ses propres expériences psychologiques : Certains se plongeront dans un livre ou une série, d’autres se rendront dans un lieu apaisant, d’autres encore feront la fête…

Je vais vous donner une astuce : Le feu ! Il est inscrit profondément dans notre inconscient collectif et dans notre culture que le feu est un élément purifiant et salvateur. En effet la sensation de chaleur enveloppante, l’effet vasodilatateur et la fascination visuelle qu’exerce la danse des flammes, permettent de plonger le cerveau dans un état modifié de conscience, sorte de « pause neurologique » qui permet d’éprouver intensément le répit.

Comment se donner la motivation et l’envie quand cela est difficile ? Comment augmenter sa motivation ?

La motivation est un processus très complexe et versatile qui est influencé par de nombreux facteurs internes et externes. Il faut considérer la motivation comme une « force de réserve » que l’on mobilise pour atteindre et conserver un certain niveau d’efficacité. Cette force de réserve constitue une grande partie du background psychologique et elle est très liée au caractère « atteignable » de notre objectif de départ (un objectif inatteignable génère au contraire de la démotivation).

Il est possible de faire le point sur cette motivation, de la rendre disponible pour se galvaniser avant l’effort. Les rugbymen connaissent d’ailleurs bien les légendaires préparations d’avant match : On se serre pour se sentir forts et solidaires, on écoute le discours poignant d’une personne charismatique, on crie ensemble pour se donner « du cœur »,… On réalise donc un inventaire des éléments qui font nos forces de départ, ce qui permet non seulement de se rassurer sur notre capacité à atteindre notre objectif, mais encore d’aller puiser dans cette motivation au cours de l’effort.

Bien que le CrossFit soit un sport individuel, il est important de souligner l’aspect communautaire et les liens très forts qui se créent entre les participants d’un WOD à travers le partage de la souffrance. Un bon moyen d’augmenter sa motivation est donc de constituer en plus de sa force personnelle, une force collective que chacun alimente et partage au cours du WOD. Pour ça il faut « créer » le groupe avant le WOD (en se réunissant en cercle, en partageant un cri de guerre,…) et reproduire le même rituel à la fin du WOD pour renforcer l’expérience positive.

As-tu des conseils pour nos CrossFiteurs pour avoir un mental d’acier et limiter au maximum les moments de faiblesse ou de découragement ?

La motivation permet d’aborder un WOD avec davantage d’engouement, de transformer le stress en excitation. Pendant le WOD elle permet aussi de maintenir son effort. Pour mobiliser cette motivation il est impératif d’éprouver la limite d’une certaine force. Il faut bien comprendre que cette force de réserve qui peut nous amener à nous dépasser de manière spectaculaire ne sera mobilisée que si nous avons réellement atteint un seuil critique. Certaines personnes abandonnent parfois lors d’un effort en expliquant qu’elles sont épuisées. En réalité, ces personnes ne sont pas allées au bout de leur force (par manque de connaissance et de maitrise de soi, pudeur,…) et n’ont malheureusement pas pu faire l’expérience quasi mystique de la douleur qui disparaît et des forces qui se décuplent soudainement quand la motivation prend le relai.

Pour se donner la motivation dans une situation difficile il faut donc aller au bout de sa force, vraiment au bout.
Et surtout, ne jamais oublier que tout ça ce n’est que du plaisir.